La chronique Éco de G. Fonouni | COP 21 : le double défi de la croissance et du changement climatique !

La chronique Éco de G. Fonouni | COP 21 : le double défi de la croissance et du changement climatique !

Combien d’années de déforestation, de fonte des glaces, de disparitions d’espèces animales et végétales, ou encore de catastrophes naturelles, faudra-t-il voir défiler sous nos yeux, pour enfin stopper l’asphyxie de notre planète, et demain, celle de toute l’humanité ? Face à un tel risque climatique, si rien n’est entrepris après la conférence de Paris (COP 21) du 30 novembre au 11 décembre 2015 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et de dioxyde de carbone (CO2), le monde peut s’attendre à un accroissement des catastrophes naturelles provoquant des coûts économiques et humains de plus en plus importants. Le changement climatique ne doit plus être considéré comme une externalité négative de notre modèle de croissance. Il doit être désormais pris en compte dans la mesure de la production afin d’évaluer et de percevoir réellement la gravité du risque. Le principal enjeu consiste aujourd’hui à construire un nouveau modèle de croissance permettant de satisfaire nos besoins sans compromettre ceux de la génération future. Tel est le défi d’une croissance durable, celui qui devra être relevé après le 11 décembre 2015. L’égoïsme qui guide l’action économique de chaque pays est devenu si fort aujourd’hui, qu’il pourrait paralyser la mise en œuvre d’une action climatique collective universelle. Celle-ci est souvent jugée trop onéreuse par certains pays. Les pays en développement et les pays émergents redoutent fort que les mesures de lutte contre le changement climatique ralentissent leur développement et aggravent ainsi les inégalités. Beaucoup de pays s’inquiètent qu’un tel engagement érode la compétitivité internationale de leurs industries et freine leur croissance. Porter attention uniquement sur le coût de cette transformation économique et énergétique, entretient la réticence des États à s’engager à prendre les mesures pour réduire le réchauffement climatique et occulte leurs effets positifs sur le bien être des citoyens. S’il ne fait guère de doute, comme l’affirme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qu’un changement climatique est en cours et que notre activité économique y contribue fortement, de nombreuses incertitudes scientifiques subsistent encore quant à son rythme et à son ampleur. Gérer le risque climatique dans ce contexte d’incertitude, limite ainsi la crédibilité de ses conséquences possibles. Par conséquent pourquoi s’inquiéter ! Où est l’urgence ? Cette thèse est largement relayée par quelques entreprises multinationales, et par certains discours politiques. Or cette inertie fait perdre le sens de la rareté à l’humanité, et cimente l’idée que l’on peut produire toujours plus à court terme sans mettre en péril les ressources naturelles de demain. L’incertitude ne saurait justifier l’inaction puisque le changement climatique provoquera de toute façon d’importants coûts. Dans un monde incertain il est toujours utile d’anticiper car cela évite de se laisser enfermer dans une voie qui pourrait s’avérer très coûteuse par la suite. Il vaut mieux supporter le coût afin de se prémunir contre la possibilité réelle, bien que difficile à quantifier, des conséquences graves du dérèglement climatique. Ce qui finalement revient à payer une prime d’assurance pour se protéger contre un risque éventuel. Chaque être humain qui va vivre sur cette planète subira les conséquences des hésitations aujourd’hui. 

 L’ampleur de la dégradation de l’environnement est telle que les scientifiques tirent depuis plusieurs décennies le signal d’alarme : il y a urgence à sauver la planète. Le « syndrome du Titanic » n’est pas une fiction, bien au contraire ! Or, la question n’est plus seulement scientifique, elle est dès à présent politique. Elle nécessite des changements substantiels dans le fonctionnement de notre économie et dans nos modes de production et de consommation. Désormais préparer l’avenir des générations futures, implique de tracer les voies d’une nouvelle forme de croissance économique au service de l’humanité ! A cet égard, un consensus plus large et un engagement plus ferme des pouvoirs politiques lors de la conférence de Paris sur le climat, permettraient de contraindre les lobbies financiers ou les chercheurs de rente de chaque pays à se soucier davantage de l’avenir de notre planète que du baromètre financier. La COP 21 n’est pas un sommet comme les autres. Car c’est la date à laquelle les dirigeants des pays industrialisés et des pays émergents devront faire le choix crucial entre l’immobilisme ou le courage politique : celui de relever le double défi de la croissance et du dérèglement climatique à travers des réformes contraignantes. Or pour que ces engagements puissent être respectés, il faut que les bienfaits des mesures prises profitant à tous les pays, l’emportent sur le coût d’opportunité supporté par chacun d’entre eux. Le rapport coûts-bénéfices de l’action climatique dépend beaucoup du comportement de chaque pays et de leurs choix stratégiques, qui à leur tour, dépendent du contexte économique et sociétal international. Celui-ci, aujourd’hui, serait susceptible d’inverser ce rapport et d’amplifier l’engagement des pays dans l’effort climatique. En effet, les énergies renouvelables deviennent de plus en plus compétitives malgré la baisse du prix du pétrole. Elles attirent de nombreux investisseurs favorisant ainsi l’accélération des innovations dans ce domaine. La transition écologique devenant de moins en moins coûteuse, fait naître de nouvelles opportunités pour les investisseurs financiers. Ces nouveaux investissements ouvrent petit à petit la voie à des activités alternatives à l’utilisation des combustibles fossiles permettant de créer ainsi de nouveaux emplois. 

Les effets néfastes de la pollution atmosphérique sur la santé des citoyens contraignent de plus en plus les gouvernements à réduire les sources d’émission. La Chine s’y est engagée récemment. Ils contraignent aussi les entreprises à intégrer et à développer davantage leur performance environnementale dans leurs stratégies. La multiplication de tous ces phénomènes encourage les États à accélérer le changement et à trouver de nouvelles solutions incitant les pays à plus d’engagement. La conférence de Paris pourrait enclencher cette dynamique à l’échelle planétaire à condition que tous les pays participants agissent ensemble pour que les efforts de chacun profitent à tous. C’est là tout l’enjeu de la COP 21 !