Partage d'expérience : dessiner pour apprendre en arts plastiques. Une expérience au Lycée Jean MONNET, Montpellier, par Mme Arzalier.

Au lycée, les cours de culture prennent un peu plus de place dans l’emploi du temps des élèves et depuis quelques années, la question de la prise de note questionne. Que reste-t-il d’un cours que l’on a simplement écouté, parfois d’une oreille ? Il y a ces élèves appliqués qui ont de l’aisance pour noter ce qui est dit, il y a ceux qui ont un peu plus de mal et qui ont besoin d’un support visuel et puis il y a ceux qui se sentent perdus face à cet exercice. Quant à la mémorisation : peut-on compter sur ces traces ou sur un support photocopié qui ne sera peut-être jamais lu ? On sait désormais que pour ancrer les savoirs, écouter, écrire ou lire ne suffit pas ; encore faut-il réinvestir l’information.

Certains élèves ont besoin d’écrire et d’autres, malgré le signal de désintérêt que cela peut parfois envoyer, ont besoin de dessiner pour fixer leur attention ou mémoriser des informations. En arts plastiques, il y a très certainement une acceptation plus assumée de cette attitude mais bien souvent, les dessins que l’on retrouve en marge des cahiers n’ont que peu de rapport avec le sujet traité. Ne pourrait-on pas se servir de cette appétence comme levier ? C'est ici qu'intervient la pensée visuelle, ou sketchnoting.

Qu’est-ce qu’un sketchnote ? 
C'est une façon de matérialiser sa pensée à la manière des cartes mentales. La particularité de la méthode réside dans le travail du visuel : jeux de couleurs, de calligraphie, de composition, d'illustration avec des motifs simples et graphiques. Ces éléments facilitant la mémorisation d'un contenu synthétique. Retrouvez les explications ici, sur Primàbord 

A l’occasion d’un cours sur la valeur expressive de l’écart et sa relation au modèle, l’exercice suivant a été proposé aux élèves : 

  • - 20 mn : Présentation 
    *Explications du sketchnoting (20 mn) + consigne
          > Concept, objectifs, méthode et fiches-outils (ressources à retrouver dans la collection Pearltrees ci-dessous, mise à disposition des élèves dès le début de la séance) 
  •       >  « À la fin de la séance de 2h, rendre sa prise de note sous forme de sketchnote format A3. » 
    - 40 mn : Cours théorique avec un diaporama comme support (également mis à disposition des élèves via l’ENT). Prise de notes au brouillon. 
    - 50 mn : conception de son sketchnote sur feuille A3. 

Voici quelques productions d’élèves :

 

À ce stade de l’exercice, les gestes sont peu spontanés, les élèves se réfèrent beaucoup aux supports mis à disposition mais le concept est compris. Par la suite, à chaque cours théorique, les élèves sont invités à utiliser cette méthode. 

Quelques mois plus tard, après plusieurs cours échelonnés sur l’année sur l’œuvre du programme limitatif Sur natures – Paradis artificiels de Miguel Chevalier (2004), les élèves ont eu une heure pour produire un sketchnote de synthèse, mettant l’accent sur le processus de création, l’hybridation avec les sciences et la réception de l’œuvre par le public. 

Voici quelques productions d’élèves :

 

 Remédiation : A l’issue de cette activité, le document suivant est mis à disposition des élèves (à télécharger en bas de page)

 

Bilan : le sketchnoting est un véritable levier pour la qualité de la prise de note mais il ne convient pas forcément à tout le monde. Certains passent beaucoup de temps sur les dessins et les informations sont légères, parfois trop, d’autres ont du mal à se détacher de l’écrit et ne peuvent s’empêcher de rédiger. Être capable de synthétiser est une vraie difficulté pour ces derniers et la maîtrise de ces compétences ne s'improvise pas. Il y a aussi plusieurs productions qui sont plutôt des cartes mentales. 

Aussi, au stade où nous en sommes, réaliser un sketchnote qualitatif prend du temps. Cela semble malgré tout un support plein de promesses qui mériterait d’être expérimenté dès la seconde afin de développer les compétences d'analyse et de synthèse, en plus de la composition graphique. Les élèves qui s’en saisissent produisent des pages intéressantes et prennent vraiment plaisir à les réaliser. C’est une façon efficace de noter ses cours qui pourrait tout à fait être exploitée dans d’autres disciplines que les arts plastiques. A l’heure actuelle, nous n’avons encore que peu de recul pour évaluer l’impact réel de cette méthode sur les apprentissages des élèves ; nous continuons d’expérimenter ensemble. 

Si vous souhaitez vous y essayer et contribuer à l’analyse de cette pratique, n’hésitez pas à nous faire part de vos essais !

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