Kit Prévenir et lutter contre l'illettrisme
L’illettrisme n’est pas une fatalité. Pourtant, bien que le niveau d’éducation global ait prodigieusement augmenté dans notre pays, depuis l’institution de l’instruction obligatoire, des jeunes sortent encore du système éducatif en situation d’illettrisme ou proche de l’illettrisme. Les tests de compétences réalisés depuis plusieurs années au cours des JDC montrent une proportion importante, durable, tragiquement stable, de jeunes de plus de quinze ans qui ne maitrisent pas les codes de l’écrit, codes qu’il faut entendre dans le sens le plus large : lecture de documents quotidiens, signalétique, plans, textes littéraires, presse écrite, formulaires administratifs… De plus, le numérique, qui s’impose désormais dans tous les secteurs de la vie quotidienne des adultes, renforce considérablement ces difficultés et ferme l’accès aux informations les plus basiques ; enfin, certains de ces jeunes adultes, en grande souffrance face aux compétences élémentaires en calcul, se retrouvent quotidiennement confrontés à des situations dont les conséquences peuvent se révéler dramatiques. N’oublions pas que les compétences fondamentales en littératie et en numératie sont pour partie liées. L’illettrisme n’est pas non plus l’analphabétisme qui se caractérise par l’absence de confrontation à l’écrit : ce qui rend les choses plus faciles pour l’analphabète, c’est qu’il n’a pas été initié au monde de l’écrit, si bien qu’il est toujours possible de lui apprendre à lire, à écrire et à compter ; ce qui est difficile pour un illettré, c’est qu’il a appris à lire et à écrire, mais qu’il n’a acquis que certains mécanismes simples de lecture, sans saisir aisément le sens de l’écrit, ce qui est rapidement source de fatigue, faute d’un déchiffrage performant. En outre, l’importance extrême accordée dans nos sociétés à la maitrise des codes écrits renforce le sentiment de culpabilité qui encourage paradoxalement les stratégies de fuite et de détours. Ainsi, malgré la vigilance des enseignants qui les suivent de l’école jusqu’à la fin du collège et parfois au lycée, certains de nos élèves construisent, paradoxalement, à l’école, à notre insu, une forme d’illettrisme : Ils vont, ombres obscures, dans la solitude de la nuit. Cette page a pour objectif de proposer aux équipes pédagogiques des outils de repérage et de prise en charge de la très grande difficulté en lecture et en écriture. La première ressource a été élaborée en 2013 par Emmanuelle Goulard et Annie-Claude de Chivré : il concerne prioritairement les élèves qui sont repérés comme potentiellement illettrés et a été reconnu au niveau national. Les autres ressources, qui paraitront régulièrement, concernent toute la population scolaire du primaire au secondaire : il décline différentes thématiques, visant à sensibiliser l’ensemble de la communauté éducative et identifier les situations problématiques, signes de grandes difficultés en lecture, en calcul et en écriture, depuis la maternelle jusqu’au lycée. Elles sont élaborées par des enseignants du premier et du second degrés qui participent aux groupes maitrise de la langue et prévention de l'illettrisme. |