La place du bilan / compte rendu d'exposition an arts plastiques. Par Mme ARZALIER, enseignante au lycée Jean Monnet

Dans le cadre du cours d’arts plastiques au lycée, les élèves sont invités à s’approprier un outil parfois nouveau : le carnet de travail. Comme une hybridation entre le carnet de croquis, qui ne comprend que des visuels, et le cahier, qui a une dimension très scolaire, le carnet de travail invite à    repenser la trace écrite et dessinée. Par sa nature, il est un espace d’expérimentation, mais aussi de réflexion et de mémoire, où se mêlent intimement les traces graphiques, picturales et écrites, toutes interdépendantes. Nous aborderons ici son utilisation dans le cadre des comptes rendus d’exposition, qui occupent une place essentielle dans la préparation des lycéens, de la seconde à la terminale. La prise de notes devenant ici un outil pour mieux comprendre le fait artistique et en conserver la trace dans le temps. 

Bilans

     

Au lycée Jean Monnet de Montpellier, nous avons la chance d’être à proximité de nombreux lieux culturels. Le centre-ville est accessible et la programmation artistique riche. Cela nous permet de nous rendre assez fréquemment sur les sites où sont présentées les œuvres, afin de privilégier le plus possible le contact direct avec les œuvres d’art et de développer une forme de cours hors les murs. Que ces visites soient accompagnées d’une médiation organisée par le musée ou par l’enseignante, se pose souvent la question de la trace : que garder de ces visites ? Comment ancrer dans les mémoires les petites découvertes, les surprises, les références ou les sentiments éprouvés lors de ces rencontres avec les œuvres d’art ? Que reste-t-il une fois que l’on retourne au lycée, que la parole s’envole et que les semaines, puis les mois s’enchaînent, entraînant avec eux les quelques souvenirs de cette expérience sensible ? 

Bilan JR

 

Par le passé, j’ai essayé la fiche de type « questionnaire », constituée d’éléments sur lesquels les élèves étaient invités à porter leur attention ou à réfléchir. Il en découlait une attention réduite portée aux œuvres : le regard et l’écoute étant davantage concentrés sur la bonne réponse à apporter à la question que sur l’observation attentive des œuvres. Lassée de cette forme assez scolaire et peu efficiente, j’ai jugé nécessaires de réfléchir à de nouveaux objectifs et de nouvelles façons de concevoir la prise de notes lors de ces sorties. Cependant, il n’a jamais été envisagé de remplacer ces outils écrits par une simple écoute attentive, trop vite oubliée. 
En effet, la trace permet à l’élève de s’approprier des savoirs. Les objectifs de ces bilans ne sont pas une mémorisation exhaustive : il n’y a pas d’intérêt à recopier une biographie ou une liste d’œuvres sans fin. Ce qui compte, sur l’instant de la rencontre avec l’art, c’est d’identifier ses ressentis face à ce que l’on observe et de tenter de mémoriser quelques œuvres et informations qu’on aimerait garder. La forme est alors assez libre, mais doit privilégier l’aspect visuel : ce qu’on voit doit donner envie d’être lu. Chaque élève reste libre de ses choix : il a le droit d’aimer, de détester ou encore d’être indifférent. C’est aussi ainsi qu’on lui permet de développer une pensée critique et autonome. 
Les rencontres avec les œuvres permettent aux élèves de nourrir leur culture artistique et d’ouvrir leur regard à des formes d’art vers lesquelles ils ne seraient peut-être pas allés seuls. Cette année, nombreux sont ceux qui se surprennent à apprécier l’art contemporain. Cette ouverture influence alors aussi leurs productions plastiques : désormais, ils comprennent que l’espace impacte le spectateur, tout comme la lumière, la couleur ou les dimensions. La trace sur le carnet permet de prolonger cette expérience du spectateur afin de pouvoir y faire référence à n’importe quel moment de l’année ou de la scolarité. 

Bilan PETROVITCH

J’écris cet article après avoir corrigé les derniers bilans. Les premiers étaient très scolaires, hésitants, parfois succincts, Rome ne s’est pas faite en un jour ! Mais à force de partager les comptes rendus réussis, d’encourager les productions audacieuses ou présentant de belles qualités plastiques, je me rends compte que la plupart des élèves se prennent désormais au jeu avec talent. Ils partagent leurs carnets avec plaisir, sont fiers de ce qu’ils ont produit et expliquent leurs choix à leurs camarades. Cette dernière évaluation est remplie de belles surprises que j’ai eu envie de partager avec vous, car c’est aussi dans ces moments-là que l’enseignant donne du sens à ses enseignements et profite du plaisir qui découle de tout ce travail.

 

> Travaux des élèves de terminale arts plastiques du lycée Jean-Monnet, Montpellier.

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