“Qu’est-ce que tu fakes ? ”

Constat :
Par le biais des réseaux sociaux, les élèves sont exposés au quotidien à différentes fake news : théories du complot, explications farfelues de phénomènes naturels, images générées par intelligence artificielle.
Quelles armes possèdent-ils pour distinguer le vrai du faux ?
D’après certains travaux de recherche, la création de fake news par les élèves leur permettrait de mieux appréhender les techniques employées par leurs créateurs et, ainsi, leur donner les armes pour mieux les détecter.
“En d'autres termes, au lieu de devoir se prémunir contre chaque exemple de désinformation, notre idée est de concevoir des interventions visant à renforcer la résistance contre la désinformation en général en se concentrant sur les techniques de manipulation les plus courantes utilisées dans la désinformation. Des recherches antérieures ont montré que le fait de dévoiler les tentatives de manipulation et de faire prendre conscience aux gens qu'ils sont vulnérables aux attaques est un bon moyen de générer une résistance à ce type de persuasion malveillante.”
Source : https://behavioralscientist.org/a-new-way-to-inoculate-people-against-misinformation/
C’est le concept d’inoculation psychologique, appliqué à la lutte contre les fake news. Il consiste à exposer préventivement les individus à de petites doses de techniques de désinformation (par exemple, par des vidéos ou des jeux montrant comment fonctionnent les manipulations courantes), afin de renforcer leur capacité à reconnaître et résister à la désinformation à l’avenir. Cette méthode agit comme un « vaccin mental » : en apprenant à identifier les procédés trompeurs avant d’y être confronté dans la réalité, les personnes deviennent moins vulnérables aux fausses informations, quelle qu’en soit la thématique. On parle aussi de « prebunking » (pré-réfutation), par opposition au « debunking » (réfutation) qui intervient après la diffusion des fake news.
Ce projet a été fait en collaboration étroite avec le professeur documentaliste dans le cadre de l’Education aux Médias et à l’Information.
“Par l’éducation aux médias et à l’information (EMI), les élèves apprennent à devenir des citoyens responsables dans une société marquée par la multiplication et l’accélération des flux d’information. Ils développent leur esprit critique et sont capables d’agir de manière éclairée pour chercher, recevoir, produire et diffuser des informations via des médias de plus en plus diversifiés.”
Source : https://eduscol.education.fr/1531/education-aux-medias-et-l-information
Les SVT apportent un cadre scientifique pour analyser les informations. Elles aident à juger les informations sur des preuves scientifiques, compétence cruciale pour vérifier les faits.
Le professeur documentaliste :
- Guide la recherche d'information : Aide à trouver et utiliser l'information de manière critique.
- Facilite l'accès aux ressources : Offre des ressources pour développer l'esprit critique.
- Encourage la collaboration entre les élèves pour renforcer les compétences EMI.
En résumé, l'EMI, avec l'appui des SVT et du professeur documentaliste, prépare les élèves à naviguer dans l'information, leur permettant de prendre des décisions éclairées.
Niveau :
4e.
Compétences (BO) :
- Communiquer et argumenter dans un langage scientifique : Les élèves doivent être capables de formuler des arguments clairs et structurés, en utilisant un vocabulaire scientifique approprié.
- S’exprimer à l’oral et à l’écrit : Les élèves doivent développer leurs compétences en communication orale et écrite, en participant activement au débat et en rédigeant des synthèses ou des comptes rendus.
- Développer l’esprit critique : Les élèves doivent être capables d’analyser les arguments présentés, de distinguer les faits des opinions et de formuler des jugements éclairés.
Compétences du CRCN (cadre de référence des compétences numériques) :
Compétence 1.1 Mener une recherche et une veille d’information.
Compétence 2.2 Partager et publier.
Compétence 3.2 Développer des documents multimédias.
Objectifs de l'EMI :
- Esprit critique : Questionner les sources et évaluer la crédibilité des informations.
- Compétences numériques : Maîtriser les outils pour rechercher et partager l'information.
- Citoyenneté numérique : Être un acteur responsable en ligne et participer au débat public.
Connaissances :
Les élèves doivent créer des fakes news sur une thématique de SVT liée aux cours. Ils choisissent donc le chapitre sur lequel ils souhaitent travailler. Le professeur de SVT encadre, guide et s’assure que le contenu scientifique de la fake news soit en accord avec le programme de cycle 4. Le professeur documentaliste travaille la correction de la fake news pour qu’elle corresponde aux critères d’un article de journal. Dans un second temps, tous deux collaborent pour former les élèves et les aider à debunker (réfuter) de manière argumentée la fake news.
Objectifs de l’activité et sa place dans la démarche :
Au cours de différentes tâches, les élèves devront créer des cartes illustrées avec, au recto, une fake news et, au verso, son debunk.
Les objectifs sont multiples. En plus de développer les compétences liées au numérique et la recherche d’informations, il s’agit de pratiquer la récupération en mémoire des connaissances nécessaires pour faire le debunk de la fake news.
La création de fake news, quant à elle, permet de mettre en évidence, par le dialogue avec l’intelligence artificielle, les techniques de manipulation qui existent dans ce domaine.
Cette prise de conscience doit permettre aux élèves de détecter les mêmes procédés lorsqu’ils sont eux-mêmes utilisés dans différentes publications.
Cette activité peut être effectuée en fin de chapitre pour enrichir un jeu de carte au fur et à mesure ou en fin de trimestre.
Elle peut s’inscrire dans le cadre des 18 heures dédiée à l’EMI ainsi que dans le parcours citoyen de chaque élève.
Outils utilisés et liens utiles :
Sites institutionnels :
L’EMI sur Eduscol : https://eduscol.education.fr/1531/education-aux-medias-et-l-information#actions-educatives-EMI
Vade-mecum “Éduquer à la citoyenneté au cycle 4” : https://eduscol.education.fr/document/59573/download
Les sites ci-dessous doivent être inscrits au registre RGPD de l’établissement avant d’être utilisés. Une autorisation parentale est souhaitée.
Mizou : un créateur de chatbot facile d’utilisation destiné aux élèves. On peut définir le niveau des élèves et des outils d’intelligence artificielle intégrés facilitent la création du bot. Il s’adapte aux réponses des élèves et recentre la conversation sur le sujet proposé. De la même manière, il recadre quand l’élève fait une proposition déplacée ou trop extrême. Son utilisation se fait sous la supervision du professeur qui peut, par ailleurs, lire l’intégralité des échanges. Il n’y a pas de création de compte. Des exemples d’utilisation et des tutoriels sont disponibles ici.
Générateur d’images de Vittascience : il montre étape par étape le processus de création de l’image. Possède des filtres efficaces et est conçu pour être utilisé en contexte scolaire.
https://fr.vittascience.com/ia/image-generate.php
Polotno sur son site officiel : Outil open source, il permet de créer facilement des visuels attractifs sans fuite de données personnelles. Des templates sont disponibles sur la forge d’apps éducation.
Modèles :
https://polotno-project.forge.apps.education.fr/polotno-depot-de-modeles/
Jeu pour comprendre les biais que les IA peuvent avoir : Rappelle qu’il n’y a pas d’humain ni d’intelligence, juste de la prédiction issue d’un algorithme basé sur des données.
https://mi.hepl.ch/projects/ia/ia.html
Perplexity : IA performante qui cite ses sources.
Duckduckgo AI chat : Choix entre différentes IA, données personnelles respectées.
https://duckduckgo.com/?q=DuckDuckGo+AI+Chat&ia=chat&duckai=1
Description de l’activité :
Un travail en 4 parties :
- Création de la fake news : 2 heures.
- Déroulé de la séance.
Une fake news est présentée aux élèves sous forme de carte. La discussion permet de voir qui y croit, pourquoi on y croit ou pas. Au verso se trouve le debunk.
L’activité est lancée, ils devront créer en collaboration une carte selon le même principe dans le but de créer un jeu : “Pourquoi c’est une infox ?”
L’utilisation du chat bot sur Mizou intitulé “Spécialiste Fake News” permet aux élèves d’être guidé dans la création de la fake news. Le robot conversationnel interroge sur le sujet que l’élève veut exploiter. Au fil de la discussion, il lui donne des suggestions pour maximiser l’impact et la vraisemblance de la fake news.
Par exemple, il recherche ce qui pourrait générer de l’émotion (peur, indignation, surprise) chez le lecteur et suggère des pistes, comme faire intervenir un “expert” pour donner du poids aux arguments exposés.
Les différents aspects des fake news comme l’appel à la peur, l’exploitation des arguments d’autorité, le discours pseudo-scientifique sont exploités et montrés aux élèves.
À chaque bonne idée, l’élève gagne une émoticône diabolique 😈. Au bout de cinq 😈, le bot récapitule les bonnes idées de l’élève et l’encourage à rédiger son premier brouillon.
Le bot peut également conseiller l’élève sur son premier jet.
La plate-forme MIZOU est intuitive et permet de créer des bots facilement. Les 2 éléments essentiels sont :
- les instructions données à l’IA
“Tu es un fact-checker et l’élève est un apprenti journaliste. Tu aides à rédiger le brouillon d’une fake news scientifique.
Demande aux élèves des propositions et donne du feedback.
Ne donne pas trop d’idées. Pose des questions orientées.
Donne un 😈 à chaque fois que l’élève a une bonne idée dans un contexte scientifique.
Utilise la phrase : “Bravo, tu as gagné une émoticône diabolique 😈, tu as maintenant ” alors tu dis combien de 😈 l’élève possède “😈”.
Quand l’élève a 5 😈😈😈😈😈, récapitule les idées de l’élève et demande lui de rédiger son brouillon et met fin au dialogue.
Donne également des conseils à propos de son brouillon. Tout se fait en français."
Le message de bienvenue qui a son importance car il conditionne le départ et la direction que prendra la conversation.
Les règles de fonctionnement de l’IA :
“Donne des réponses courtes et centrées sur l’identification des tactiques de désinformation comme le détournement de la vérité et l’appel à l’émotion”.
Les instructions sont données en anglais, car il semble qu’elles donnent de meilleurs résultats.
Pour éviter les débordements et prévenir tout risque de fuites de données personnelles, le professeur indique aux élèves qu’il a accès à toutes les conversations que les élèves ont avec le bot et qu’il est interdit de faire référence à : des éléments personnels, d’autres élèves de la classe ou autre membre de l’établissement. Les élèves utilisent un pseudonyme.
Lorsque le texte de la fake news est rédigé, l’élève l’envoie à un de ses camarades via l’ENT. Un tirage au sort est effectué pour s’assurer que chaque élève recevra bien une fake news.
Rédiger des fake news peut aider les élèves à développer leur esprit critique en les amenant à analyser comment l’information peut être manipulée. En créant ces fausses nouvelles, ils apprennent à identifier les techniques de désinformation et à comprendre l'importance de vérifier les sources. Cela les sensibilise également aux conséquences des fausses informations et les encourage à être des consommateurs d'information plus attentifs et sceptiques.
- Analyse de la séance :
Première surprise, les élèves ne connaissent pas tous le concept même de fake news. L’idée que certains individus mal intentionnés puissent volontairement inonder internet de fausses informations
La séance a donc été ajustée pour les cours suivants. Elle a débuté par un test du type “INFO ou INTOX ?”. Le choix des informations ou des fake news a été inspiré par le module PIX.
Cette simple activité a permis de développer des prémices d’esprit critique. Une information invraisemblable peut être vraie, une autre fausse peut être vraisemblable.
Les échanges entre les élèves ont mis en évidence certaines réflexions. À la question, “Comment le sais-tu si c’est vrai ou si c’est faux ?”, les réponses du type “Je le sais”, “Je l’ai lu quelque part”, “Un copain m’en a parlé” ont permis de mettre en évidence la fiabilité de la source à laquelle on se réfère. Un ami, un on-dit, l’expérience personnelle ne sont pas de bons critères.
De même, le vocabulaire employé (scientifique dans le premier cas, exotique dans le second) peut influencer l’opinion, encore plus lorsque l’on n’a pas les connaissances nécessaires pour juger.
Enfin, le côté extraordinaire de ces nouvelles ou l’appel à l’émotion, montrent que ces stratégies de communication peuvent être utilisées pour manipuler l’opinion.
Ces discussions autour de la création et de la réfutation des fake news s'inscrivent pleinement dans le cadre de l'éducation aux médias et à l'information (EMI), car elles permettent aux élèves de développer leur esprit critique face aux informations qu'ils rencontrent quotidiennement.
L’introduction avec le chatbot de Mizou n’a pas posé problème dans la mesure où l’interface a déjà été utilisée antérieurement.
Le dialogue a permis à la majorité des élèves de dépasser l’angoisse de la page blanche. Pour les élèves qui ne savaient vraiment pas quel sujet aborder, il a fallu les encourager à le dire à l’IA pour qu’elle puisse les guider.
Pour les élèves ayant des difficultés d’expression, l’IA semble bien comprendre leur propos malgré tout.
Pour les élèves qui veulent sortir du sujet, ou simplement s’amuser, l’IA recentre le débat.
Quand les élèves demandent de faire le travail à leur place, elle refuse, même si la réponse n’a pas vraiment de sens.
Parfois, l’IA accepte ou suggère des idées qui sont plus de l’ordre du merveilleux que de la fake news scientifique. Elle ne recadre pas les élèves dans ce cas.
Selon les sessions, l’IA met fin à la conversation alors même que l’élève n’a pas trouvé 5 idées intéressantes pour sa fake news.
Lorsque l’IA ne leur donne pas satisfaction, pour eux, c’est elle qui dysfonctionne. Parfois, enfin, certains élèves n’interagissent pas et ne répondent que par oui ou par non.
- Création d’images :
Les images illustrant l’article ont été créées avec l’IA de Vittascience.
Plusieurs essais sont possibles, un apprentissage est nécessaire pour obtenir les meilleurs résultats. Un jeu comme celui présent à cette adresse peut permettre de les sensibiliser à la rédaction de prompts performants.
La génération d’images ne s’est pas toujours montrée efficace : soit elle ne fonctionnait pas du tout, soit les images ne correspondaient pas au prompt tapé par les élèves.
La deuxième heure a été effectuée au CDI avec l’aide du professeur documentaliste.
Les élèves ont retravaillé les premiers jets et ont procédé à l’envoi des fakes news par l’ENT. L’utilisation de la discussion permet aux élèves de découvrir et d’exploiter un aspect peu connu de l’ENT : celui d’échange d’informations et de fichiers. Les principaux obstacles ont été la maitrise de langue ainsi que de l’outil de communication lui-même que les élèves n’ont jamais utilisé.
Les élèves ont envoyé leur fake news à un de leurs camarades, au documentaliste et à leur professeur de SVT. Celui ou celle qui reçoit la fake news doit en rédiger le debunk (réfutation).
La création de fake news et d'images avec l'IA permet aux élèves de développer leur esprit critique et leurs compétences numériques, objectifs centraux de l'EMI, en les exposant aux techniques de désinformation et en les encourageant à vérifier et analyser l'information de manière rigoureuse.
Dans l’ensemble, les critères de la fake news sont respectés : des faits ou lieux existants pour crédibiliser le propos, du vocabulaire scientifique (pas toujours adapté), une caution scientifique, un côté extraordinaire.
- Rédaction de la partie fact checking : 1 heure.
- Travail avec le documentaliste :
Note : Ce travail est toujours en cours avec le documentaliste, sans forcément utiliser une intelligence artificielle.
En effet, les professeurs documentalistes apportent les aides nécessaires aux élèves et aux professeurs, notamment pour que les apprentissages et l'enseignement prennent en compte l'éducation aux médias et à l'information. Ils interviennent directement auprès des élèves dans les formations et les activités pédagogiques de leur propre initiative ou selon les besoins exprimés par les professeurs de discipline.
Source : https://pedagogie.ac-toulouse.fr/documentation/comprendre-l-emi
Document créé par Sébastien Bournat, documentaliste au collège René Cassin (34 Agde).
- Alternative avec une autre IA :
Si le ou la documentaliste n’est pas disponible, l’élève peut aussi utiliser une IA telle que Perplexity ou le chat de Duckduckgo afin de décortiquer la fake news et de rédiger le debunk.
Une méthode de prompt est donnée aux élèves de manière à ce qu’ils exploitent au maximum l’IA sans l’utiliser comme un simple moteur de recherche :
- Je dis le rôle que l’IA doit jouer.
- Je dis mon niveau.
- Je fais ma demande.
- Je dis sous quelle forme et sur quel ton l’IA doit répondre.
- Je critique sa réponse.
- Principe de l’activité :
L’élève qui a reçu la fake news doit rédiger le debunk correspondant en prenant en compte la forme (le ton du texte) et le fond (la vérité scientifique, l’utilisation de procédés rhétoriques).
L’élève doit pointer les problèmes présents, le ton alarmiste ou sensationnaliste du texte, la présence d’un expert que personne ne connait... Il vérifie les éléments scientifiques du texte en se référant à ses connaissances ou aux informations qu’il a trouvées.
Il se questionne sur la véracité des faits et on va chercher les connaissances dans sa mémoire. C’est le principe de récupération en mémoire ou effet testing qui permet de renforcer la mémorisation à long terme des connaissances.
De même, en rédigeant et expliquant sa réponse, il fait des liens et renforce sa compréhension du sujet selon le principe de l’élaboration.
Il rédige son texte de debunk et l’envoie en réponse à son camarade et aux professeurs.
- Création de la carte postale : 1 heure.
Polotno est une web app de design open source. Elle leur permet de créer un design simple de carte postale où ils peuvent intégrer leur texte et leur image. Un template au format .json est donné aux élèves de manière à obtenir des cartes avec un design cohérent.
Ici, la création de documents numériques grâce à la Publication Assistée par Ordinateur (PAO) développe des compétences numériques en lien avec l’EMI. Elle forme les élèves à l'impact des visuels dans la communication.
- Le jeu : en temps libre au CDI ou à la fin d’un cours.
Les cartes postales seront imprimées recto verso et forment une pile sur la table.
Le premier joueur tire une carte et lit le recto avec la fake news puis confie la carte à ses adversaires.
Il donne 3 arguments qui discréditent la fake news. Les adversaires lisent le verso de la carte et s’ils sont d’accord avec les arguments proposés, le joueur gagne la carte.
Si les adversaires ne sont pas convaincus par les arguments ou si le joueur n’en donne pas assez, la carte retourne au pied de la pile.
Note : les adversaires acceptent tous les arguments pertinents, même si ceux-ci ne sont pas présents au verso de la carte.
Le jeu s’arrête quand il n’y a plus de cartes dans la pile.
Le gagnant ou la gagnante est la personne qui a le plus de cartes.
Points de vigilance :
Les problèmes avec Mizou : la gestion des données élève - il y a une limitation de 50 utilisations par jour. L’IA a parfois tendance à donner des réponses clé en main aux élèves qui ne répondent pas ou ne jouent pas le jeu.
La création d’image est moyennement performante et peut laisser croire que les images générées par IA se reconnaissent juste en les regardant.
On pourrait penser que l’usage pernicieux de l’IA donnerait de mauvaises idées aux élèves. Le but de ce projet est justement inverse : former des citoyens numériques responsables en accord avec les objectifs de l’EMI. En développant un esprit critique et une conscience éthique, les élèves apprennent à évaluer la crédibilité des sources et à respecter les normes de comportement en ligne.
Le travail peut être long à créer. Une collaboration entre différents professeurs (documentaliste, arts plastiques, technologie) permet de répartir la charge horaire du projet, de croiser les regards et apporter une plus-value au projet.
Le but de ce projet n’est pas de simplement développer un “esprit” critique, mais davantage une “approche” critique, c’est-à-dire une méthodologie pour appréhender toute information. Une difficulté inhérente à ce type d’exercice vient de son côté scolaire et artificiel, il est difficile de savoir si les élèves vont effectivement mettre à profit ce qu’ils ont appris hors contexte scolaire.
BILAN :
Ce projet a permis d'explorer les facettes de l'utilisation de l'intelligence artificielle dans la lutte contre la désinformation et le développement d’une approche critique.
L'IA a servi d'outil à plusieurs niveaux :
- Idéation :
L'intelligence artificielle, via des plateformes comme Mizou, a joué un rôle dans le processus d'idéation. En guidant les élèves dans la création de fake news, elle a stimulé leur créativité tout en leur faisant prendre conscience des techniques de manipulation. Les élèves ont pu explorer des pistes variées et élaborer des récits, ce qui a renforcé leur compréhension des mécanismes sous-jacents aux fake news.
- Assistance :
L'IA a également été une alliée dans l'assistance, facilitant la rédaction et la structuration des idées des élèves. Grâce à des suggestions et un feedback immédiat, les élèves ont pu surmonter l'angoisse de la page blanche et affiner leurs productions, tout en développant leur capacité à formuler des arguments clairs et structurés.
- Correction :
En matière de correction, les intelligences artificielles comme Perplexity et Duckduckgo AI Chat ont permis aux élèves de vérifier l'exactitude de leurs informations et de perfectionner leurs textes de debunk. En encourageant une vérification rigoureuse, l'IA a contribué à ancrer des pratiques de fact-checking, renforçant ainsi l'esprit critique des élèves.
- Création, notamment d'images :
Vittascience a offert aux élèves une plateforme pour expérimenter avec la création d'images, ajoutant une dimension visuelle à leurs fake news. Bien que l'efficacité de la génération d'images ait parfois nécessité un apprentissage, cet outil a permis d'illustrer les concepts abordés et de sensibiliser les élèves à l'impact des visuels dans la diffusion de fausses informations.
L'intégration de l'IA dans ce projet pédagogique a enrichi l'apprentissage des élèves et consolidé leur esprit critique face à l'information. En les exposant aux techniques de désinformation, ce projet a jeté les bases d'une approche pour appréhender les fake news, contribuant ainsi, espérons-le, à former des citoyens éclairés et responsables. L'expérience a essayé de montrer que l'IA, lorsqu'elle est utilisée avec discernement, peut être un catalyseur d'éducation et de réflexion critique. Ceci s'aligne parfaitement avec les objectifs de l'Éducation aux Médias et à l'Information (EMI) en renforçant la capacité des élèves à analyser et évaluer les sources d'information, ainsi qu'à développer un esprit critique face aux contenus médiatiques.
Auteur : Nicolas Gaube.
Mail : nicolas.gaube@ac-montpellier.fr