« l’allitération dans tes articulations », et autres deep fakes d’auteurs
Dispositif proposé par Maud BELLIER
CONTEXTE : classe de collège (quatrième ou troisième) et seconde.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES : cohésion, « réveil » et mémorisation d’une figure de style par le corps.
OUTILS NUMÉRIQUES UTILISÉS :
Il existe plusieurs applications de Deep fakes, l’offre étant en évolution constante ; certaines refusent dans leur CGU des images d'auteurs trop connus comme Victor Hugo ; la plupart sont payantes et demande une certaine technicité.
My heritage présente l'avantage d'être d'un usage très simple mais n'offre que deux essais gratuits. Pour changer les voix, j’ai utilisé descript. Le tout est monté avec Canva.
DÉROULÉ DE L’ACTIVITÉ :
Un exercice d'utilisation du Deep fake à des fins de motivation constitue un exercice de « Brain Gym » qui consiste à remobiliser les acquis des élèves en leur faisant réviser l’allitération. Il s'agit de se lever ou de se baisser à chaque fois que l'on entend la consonne répétée. C'est évidemment l'auteur lui-même Victor Hugo en deep fake qui énonce les vers issus du poème "Booz endormi".

Vu les soucis liés à la création de deep fakes, il s’agit d’une vidéo créée par le professeur chez lui pour animer la classe.
L’activité se passe, elle, en classe, à faire scander aux élèves les occurrences de l’allitération en fricatives avec le corps, en se levant et en se rasseyant.
L’activité s’inspire des jeux anglo-saxons pour « réveiller » le corps avant de commencer le cours proprement dit, notamment sur des comptines, comme le « brain gym ».
Pour créer la vidéo, j’ai choisi une photo de Victor Hugo, je l’ai animée avec MyHeritage, j’ai extrait une voix avec descript, logiciel auquel j’ai donné un texte qui était les vers choisis de "Booz endormi".
Puis, dans Canva, sur une bande de création vidéo, j’ai déposé l’animation téléchargée de MyHeritage, j’ai placé la voix de descript choisie pour différencier l’auteur de mes essais précédents avec d’autres auteurs. J’ai créé un petit montage en utilisant les graphiques proposés dans Canva, les illustrations, les sons et j’ai monté une vidéo qui montre successivement :
Victor Hugo déclamant les vers choisis
les vers sans caractère surligné
une question demandant la figure de style aux élèves
un chrono comme illustration avec un son accompagnateur
la réponse avec les caractères d’une autre couleur pour l’allitération
le jeu et sa règle sont annoncés
Une série de flèches indicatives avec une musique aide à la réalisation de la mise en œuvre. - un deuxième jeu, une moitié de la classe se lève, puis s’asseoit ; l’autre fait l’inverse afin de créer une vague si la réalisation est réussie.
une figurine de pingouin avec « bravo » apparaît pour finir.
La vidéo étant un mp4 téléchargé après réalisation, il est possible de l’arrêter et de réexpliquer, remotiver sa classe.
En classe de seconde, j’ai choisi une heure qui commençait à 8h en hiver avec des élèves endormis prêts à se laisser bercer. J’ai rebondi en évoquant une explication précédente où ils avaient encore oublié l’allitération ou pour certains confondu avec l’assonance. Je leur ai proposé une petite activité physique pour se réveiller, s’amuser. Je leur ai dit que cela pouvait aider leur mémorisation. Je leur ai dit d’éloigner leur chaise de la table pour avoir de la place. Les élèves étaient intrigués donc un peu plus réveillés. Ils ont mollement suivi les instructions de mise en place.
Le premier essai a été très brouillon, ce qui a déclenché les rires. Il suffit de surjouer en soupirant et en remettant la vidéo pour théâtraliser. Tous les élèves jouaient le jeu, personne ne se mettait en arrière. Ils se sont concentrés.
Dès la deuxième fois, cela a fonctionné. Ils parvenaient à se lever et se rasseoir presque ensemble sur chaque « f ». Le deuxième exercice en décalé a créé une jolie vague et tous étaient contents et souriants.
Il a suffi par la suite de proposer de réviser ou de rappeler le mot « articulation » pour que la réactivation fonctionne.
J’ai renouvelé l’expérience avec des cinquièmes, un groupe de besoin en difficulté, en leur proposant de faire comme les grands. Cela a fonctionné aussi et ils ont gardé en mémoire la figure de style pour la moitié d’entre eux.
Bilan
Les effets positifs sont ceux de toute pratique ludique. La mémorisation a été efficace. L’ambiance de classe a été améliorée car ces moments de petite chorégraphie créent de la cohésion.
De plus, les élèves apprécient que l’on ait créé une vidéo pour eux et que l’on y ait passé du temps. Même les plus ironiques sont touchés et en sourient. Certains plus « geeks » proposent leur aide sur un ton protecteur pour améliorer des points, ce qui les rend acteurs.
Un petit bémol : la qualité et la précision des tableaux permettent une animation plus ou moins réussie.
Précautions :
Cette activité est une occasion de parler des dangers des deep fakes abondant sur le net et du risque pour la démocratie, les vérités et les connaissances. Plusieurs rappels sont pertinents :
L'utilisation de deepfakes à des fins malveillantes (usurpation d'identité, désinformation, etc.) est illégale dans plusieurs pays.
Vérifiez toujours les politiques d'utilisation des applications pour éviter tout usage abusif.